Haut et Noble Serment des Arbalétriers Enghien

La flèche

Lors de nos réunions hebdomadaires au local des arbalétriers, chacun d’entre nous tente, avec plus ou moins de réussite, d’ajuster ses tirs afin d’obtenir la rencontre parfaite entre le carreau et la rose du centre de la cible.

Plusieurs termes différents servent à identifier ce drôle de projectile emplumé. La flèche, le trait, le carreau, le matra, la dondaine ou encore le vireton.

La flèche, fine et relativement longue est surtout propulsée par les arcs à flèches.

Sa légèreté et sa propension à fléchir facilement ne lui permettait pas d’être expulsée par un tir suffisamment tendu et énergétique pour percer les armures au Moyen Âge. Son empennage constitué de plumes également réparties et radiales par rapport à l’axe de la flèche.

Le trait d’arbalète a de meilleures qualités balistiques, plus court et plus épais que la flèche, il est moins affecté par la flexion que lui impose la poussée puissante de la corde d’arbalète.

Sa masse plus importante que celle de la flèche lui confère une énergie cinétique supérieure. Ce qui rend possible d’atteindre mortellement les ennemis en armure avec précision et ce à des distances allant jusqu’à plus de 100m.

De ce fait, l’arbalète fut méprisée par la chevalerie car considérée comme une arme déloyale et même immorale pour le clergé.

Anciennement, il était constitué d’une pointe en acier greffée sur une pièce de bois profilée. Celle-ci équipée d’un empennage sur l’arrière pour la stabilité. La disposition des plumes ne se fait que sur le dessus du trait (max 180°) pour lui permettre de glisser sur le fût de l’arme sans aucune gêne.

Le trait d’arbalète, selon la forme de sa pointe en acier et/ou du profil de sa pièce de bois, aura une dénomination particulière.

Le carreau est un trait d’arbalète ayant une pointe pyramidale à base carrée.

D’après la légende, décoché par Guillaume Tell, il perça la pomme posée sur la tête de son fils. .. Ouf !

Richard Coeur de Lion succombait au carreau tiré dans son cou par Pierre Basile lors du siège du Château de Châlus-Chabrol le 26 mars 1199.

Le matra, lourd et assez gros se termine par une tête plate. Il servit essentiellement pour la chasse où il frappa violemment le gibier sans le transpercer (sans abîmer la peau).

Au combat, il pouvait assommer un homme équipé d’un casque ou lui briser les os sous l’armure.

Vous pouvez admirer un matra dans une des vitrines de notre local musée.

La dondaine est un trait dont la panse (partie la plus large de la pièce de bois) est plus grosse avec une pointe généralement plate de forme triangulaire.

Le but était de rendre ce trait plus lourd et donc d’en augmenter son pouvoir pénétrant.

Pour la petite histoire, le mot dondaine est encore utilisé aujourd’hui pour désigner une femme « forte » (dondon) compte tenu de la forme élargie du projectile.

Le vireton se rapproche de la forme de la dondaine mais son empennage (plumes) est disposé de façon hélicoïdale (en spirale). Cette construction impose au trait, lors de son vol, une rotation autour de son axe. Cela avait pour effet d’améliorer la stabilité de la trajectoire (effet gyroscopique) mais surtout d’infliger de sévères blessures lors de l’impact.

A notre époque au serment des Arbalétriers d’Enghien, lors de nos séances de tir, certes moins sanguinaires, nos arbalètes propulsent les traits à une vitesse de +/- 24m/s (près de 90km/h).

Nous les appelons également carreaux.

Il sont d’une construction un peu plus soignée. La pointe en acier conique est prolongée par un tube en fibre de carbone. Une pièce en bois ou en matière synthétique profilée entoure le tube sur sa partie proche de la pointe. L’arrière du tube étant garni d’un empennage pour se terminer par un bouchon. Sa longueur totale est d’une vingtaine de centimètres.

Vue éclatée d’un carreau

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